Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/134

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dont nous entoure la robe parfumée des champs et le manteau étincelant du ciel, Rousseau ne veut pas voir le néant ; il ne croit pas que tant de splendeurs aient été amoncelées pour cacher une si horrible chose, et il nous fait partager sa conviction. Il y a des paysages qui valent des sermons.

M. Paul Flandrin est un paysagiste historique à la manière du Poussin, du moins il le croit. Poussin a son style et son choix sévère, il est vrai. Quand je regarde un paysage du Poussin, je pense à la nature dans sa grandeur et j’en ressens toute la poésie ; quand je regarde un paysage de M. Paul Flandrin, je pense au Poussin, à des peintres dont j’ai gardé l’impression, et comme le peintre doit me transmettre son impression personnelle, j’en conclus que la nature n’a pas été la préoccupation immédiate de M. Paul Flandrin.

Les paysagistes de talent sont nombreux. J’aime les vues pittoresques de M. Achard, les sobres vallées de M. Aligny. Les paysages de M. de Knyff sont larges et faciles, on y sent l’impression de la nature. En général, ceux de M. Français sont coquets, rehaussés de tons galants, comme une femme qui se met du blanc et du rouge ; cela va paraître singulier, je trouve les paysages de M. Français d’une minauderie trop recherchée.