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Ce n’est pas la minauderie que je reprocherai à M. Flers, le peintre naïf des prairies normandes, des rivières limpides bordées de saules enfarinés. Ils sont charmants de bonhomie ces petits paysages saisis avec vérité et peints avec une finesse d’esprit qui n’exclut pas la paisible réalité.

M. Justin Ouvrié excelle aussi à reproduire ce que j’appellerai le trait de la nature. Ses toiles sont fidèles comme des daguerréotypes. M. Anastasi sacrifie au caprice et colore avec une ardeur extrême. MM. Bellel, Belly et Tournemine ont demandé leur succès à l’Algérie et l’ont pleinement obtenu. Le Simoun de M. Berchère mérite une mention.

Un très-beau paysage est celui qu’a exposé M. Gabat. M. Cabat a commencé par le paysage bonhomme et naïf ; il peint aujourd’hui le paysage de style ; mais il reste vrai en s’élevant. Son tableau inspire le recueillement, comme lorsque l’on entre dans une église ; on y sent bien la fraîche impression de la nature. Il n’est pas classique, il n’a pas sablé son terrain pour le pied du berger d’Admèle ; il ne peint pas de ces arbres à tournures académiques d’où le vent, en se jouant, tire, en guise de murmure, des alexan-