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comprennent si bien encore les artistes et les gens intelligents, à savoir, que la beauté ne peut pas être indécente et que la Vénus toute nue est cent fois plus pudique, cent fois plus vêtue par sa beauté divine, que les statues habillées et familièrement galantes des siècles de décadence.

Nous repoussons donc le nu, et nous avons des costumes tellement grotesques qu’ils sont antipathiques à la statuaire. Voyez-vous la statue d’un monsieur civilisé, vêtu d’un pantalon à sous-pied, d’un paletot, d’un faux-col et coiffé d’un chapeau en tuyau de poêle ?

Notre religion est aussi contraire à la statuaire, dans son esprit au moins, que l’est notre morale. Une religion, basée sur l’abaissement du corps, sur sa mortification, sur ses souffrances, sur sa suppression, pour ainsi dire, ne peut pas être favorable au développement de la statuaire qui, au contraire, a pour mission de chanter le divin poème du corps humain.

Enfin nos maisons dans lesquelles on nous entasse dans de petits appartements où nous avons à peine la place de nous retourner, nos monuments sans caractère semblent faits exprès pour repousser la sculpture, à qui il ne reste plus d’autre travail à faire que des statuettes pour nos pendules,