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de petits objets d’art, de goût, quelques bustes, quelques statues de généraux en habits brodés et en bottes.

Cependant, malgré toutes ces causes de décadence, la sculpture existe encore en France, et le Salon de 1859 n’est même pas trop mal partagé.

Commençons par M. Clesinger, qui nous revient de Rome tout triomphant, ayant pris une digne revanche de sa statue de François Ier si bruyamment manquée.

M. Clesinger a envoyé deux statues, plusieurs bustes et un taureau romain.

M. Clesinger est l’homme du nu, de la chair frémissante. Il est peintre en sculpture, il est coloriste ; il a l’art de faire palpiter et respirer le marbre, il semble qu’on le voit se colorer et que cette Zingara a du sang sous la peau ; une blessure le ferait jaillir. Chez lui, la draperie n’est qu’un accessoire, un moyen d’interrompre ou de varier les lignes, et chez lui cependant la draperie est plus indispensable que chez aucun autre sculpteur, car M. Clesinger sculpte la chair avec une telle vérité, avec de telles palpitations, de tels spasmes, que chez lui le nu ne serait pas toujours décent.

La Zingara est mieux qu’une Zingara dansante. C’est un type, c’est la personnification d’une pas-