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caractère des personnages qu’ils représentent. Il ne se borne pas à copier les traits, mais il rend merveilleusement la physionomie de l’âme, la vie intérieure du modèle.

M. Flandrin a aussi un mérite qu’il faut signaler, un mérite qui devient plus rare chaque jour. Il a une finesse de pinceau extrême. Il couvre sa toile sans travail apparent, il modèle sans empâter. Cette manière est peut-être celle qui se rapproche le plus de la nature. Il ne cherche jamais à vous séduire par les ragoûts de la touche, ni par un certain pétillant que donnent les empâtements et le choc des tons rompus, exécution manuelle qui fait tout le talent de bien des artistes. En général, les tableaux ne prennent l’aspect de la nature qu’à une certaine distance, ceux de M. Flandrin n’ont pas besoin qu’on s’en éloigne.

Nous voici devant la Mort de César, de M. Gérôme.

On raconte que ce tableau avait d’abord été conçu autrement ; que, chargé par un éditeur de faire un pendant à la Mort du duc de Guise, de Paul Delaroche, M. Gérôme se met au travail, peint, efface, repeint, se décourage à la vue de son œuvre faite à tâtons.

Le César était couché, mort, comme nous le