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comme aussi plus originale, plus personnelle et plus intéressante.

Il est une chose très-délicate, et qui m’arrête au moment où j’écris le nom de madame Henriette Browne ; il me semble qu’il est difficile à une femme de parler, d’une autre femme, d’une artiste qui a un succès éclatant, incontestable. J’avoue donc que je suis, un peu embarrassée.

Si je fais trop l’éloge de Mme Browne, on pourra m’accuser d’avoir trop d’esprit de corps ; si je critique ses œuvres, on dira très-certainement que l’envie s’est glissée dans mon appréciation.

Je vais donc tâcher de parler de Mme Browne bien sincèrement, mais avec toutes les précautions possibles.

Ma position est d’autant plus difficile, que je ne suis pas de l’avis du public sur les Sœurs de Charité ; c’est précisément l’œuvre qui parle à tous, et celui des tableaux de Mme Browne qui me séduit le moins. L’exécution m’en paraît trop achevée, c’est un trompe-l’œil ; le blanc domine par-dessus tout, les chairs manquent de fermeté, les accessoires sont trop bien faits, ils nuisent à l’effet moral de l’œuvre, qui manque entièrement de vigueur et de ton ; c’est peut-être le seul des tableaux de Mme Browne où, avant d’a-