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d’Ovide, mélancoliquement assis sur la terre, pose accablée, alanguie, vous remue jusqu’au fond des entrailles. Ce n’est pas une douleur poignante que ressent l’exilé, c’est bien pis, c’est un ennui sourd, infini, qui mine sans déchirer, mais qui ne pardonne jamais, qui ne laisse jamais un instant de trêve ni de repos. C’est une souffrance calme, modérée, mais constante, morne, navrante. Ovide pourrait chanter ses Tristes, mais si l’exil ne finit pas, le poëte mourra, soyez-en certain.

J’aime moins l’Hamlet ; l’exécution en est plus lâchée, et l’impression produite, est moins saisissante, malgré le souffle shakspearien qui règne sur cette petite toile. J’en dirai autant du Saint Sébastien, qui paraît être resté à l’état d’esquisse. Je conçois qu’il ne faille pas toujours exiger que le peintre mette tous les points sur les i, mais ce n’est pas trop demander que de désirer les i sous les points.

Le paysage des Bords du fleuve Sébou est une vive et brillante esquisse. C’est une vue de l’Afrique, non pas de l’Afrique lumineuse, dorée et brûlée qu’affectionnent Decamps et Marilhat, mais une sorte d’Afrique normande avec des arbres, des prairies, des coteaux verts, et se permettant ma foi de vrais nuages dans son ciel ; nature