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Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/47

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est farineuse, mate, heurtée. Diaz n’a jamais brillé par le dessin, cette faiblesse est mise en relief d’une manière choquante par l’agrandissement de ses figures. Dans une figure de petites proportions, on se fait pardonner ce qui manque au dessin par un lazzi de pinceau, par un escamotage adroit de la difficulté, par l’esprit, par la couleur, par le mouvement ; quand on n’a plus ces ressources, on devient lourd et gêné, c’est ce qui est arrivé à Diaz.

Retournez donc à vos fantaisies adorables, retournez aussi à votre paysage. Quelle charmante toile que votre Mare aux vipères ! là, je vous retrouve tout entier, là, je retrouve votre sentiment distingué de la nature, voire couleur élégante, lumineuse, vigoureuse, votre poésie de l’effet, votre léger clair-obscur, votre lumière blonde et caressante, vos arbres élégants qui tamisent la lumière, vos tons harmonieux, votre talent à la fois poétique et naïf. Là, je m’écrie encore comme en commençant : Vive le soleil, vive la couleur, vive Diaz !

Rendons maintenant un juste hommage à la mémoire du consciencieux et sincère artiste que la mort est venue récemment saisir au milieu de ses travaux, tout occupé qu’il était