Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/46

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lité avec laquelle les imitateurs en saisissent le secret. Il y a plusieurs peintres qui font des Diaz avec assez d’habileté. Diaz charme, étourdit avec ses étincelantes pochades ; il vous prend les yeux et les sens comme on prend les alouettes au miroir ; on voudrait vivre toujours à l’ombre de ses forêts, au milieu de ses femmes kaléidoscopiques. On se passionne pour sa verve, pour sa fantaisie, jusqu’au moment où les lourdes et grossières imitations qu’on en fait vous agacent au point de vous indisposer contre Diaz lui-même. Tout le charme s’évanouit devant les efforts des copistes, devant les lourdauds qui me font penser au manant saisissant d’un doigt mal appris le papillon par les ailes, et lui enlevant toute la poussière colorée qui fait sa parure.

Au reste, on ne peut reprocher à Diaz les mauvaises dispositions où nous jettent contre lui ses copistes, mais ce qu’on peut lui reprocher, ce sont ses malheureuses tentatives de portraits de grandeur nature. Dans les portraits qu’il expose, et où il semble si étrangement se préoccuper de Léonard de Vinci et de sa Monna Lisa, je ne retrouve plus les qualités de Diaz ; la couleur, la facilité, l’harmonie vaporeuse, tout a disparu. Les chairs sont lourdes, plâtrées, sans transparence ; la couleur