Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/53

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héroïques de la sainte guerrière. Paul Delaroche, dès 1824, peignait Jeanne d’Arc en prison, interrogée par le cardinal de Winchester. M. Ingres a représenté la guerrière triomphante, remerciant Dieu dans la cathédrale ; la princesse Marie a fait une statue pleine de charme, et qui restera ; Rude a sculpté Jeanne d’Arc, encore bergère, au moment où elle croit entendre dans le ciel les voix angéliques qui lui révèlent sa mission.

« Interrogée, elle répondit qu’elle estoit lors de l’aage de dix-neuf ans ou environ, lingère et fillaudière de son mestier, et non bergère, alloit tous les ans à confesse, oyoit souvent une voix du ciel, et que la part où elle l’oyoit y avoit une grande clarté et estimoit que ce fust la voix d’un ange. Que ceste voix l’admonestoit maintes fois d’aller en France, et qu’elle feroit lever le siége d’Orléans, lui dict qu’elle allast à Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, lequel luy donneroit escorte pour la mener, ce qu’elle fist, et le cogneut par ceste voix. »

Tel est aussi le moment choisi par M. Benouville. Il n’a pas, comme M. Ingres, montré Jeanne la Pucelle cuirassée et armée de pied en cap, dans une pose raide et gothique comme une âgure de dame de pique, il la montre au milieu des champs,