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Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/65

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les empâtements d’une couleur libre et généreuse ; on dirait un bouquet de fleurs. C’est un naufrage, dites-vous ; que m’importe ? c’est charmant.

Le tableau de M. Clesinger mérite d’être remarqué : c’est une peinture grande et sculpturale. Le sculpteur s’est fait peintre avec une assurance et une audace qui n’ont rien de surprenant, car on reconnaissait déjà le coloriste d’instinct dans le statuaire. L’Ève est dessinée avec une maestria qui rappelle l’école de Florence ; elle ne manque pas d’un certain style ; elle est d’un modelé puissant, d’une hardiesse de pinceau qui touche à l’exagération. La tête paraît un peu petite, l’expression n’en est pas heureuse. Les fleurs au milieu desquelles Ève est couchée sont traitées très-largement. Quels que soient les défauts du tableau, c’est l’œuvre d’un véritable artiste, d’un talent plein de sève et de verve.

Quant aux paysages de M. Clesinger, ce sont des esquisses à peine indiquées, des improvisations passionnées, où il est difficile de reconnaître cet art délicat et harmonieux du paysage, qui demande tant de poésie, de vivacité et une si grande sincérité d’impressions. En somme, ces essais ne prouvent pas grand’chose. M. Clesinger