Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/68

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M. Baron a de la coquetterie dans la touche, de l’éclat dans la couleur. Il compose bien ; sa peinture est lumineuse et attrayante. Il excelle à peindre les scènes d’amour, de fêtes, les parties de campagne, les terrasses de marbre, où s’accoudent de belles dames et d’élégants cavaliers. C’est tout un monde heureux, jeune, féerique ; ce sont des concerts, des festins, des parties de plaisir au milieu de paysages riants, un coloris plein de soleil et de charme. Avez-vous vu le délicieux éventail où sont peints cinq médaillons, l’un par M. Baron, les autres par MM. Hamon, Vidal, Français, Eugène Lamy ? Cet éventail est… Mais silence ; la femme allait s’oublier ; elle dépose l’éventail et reprend la plume.

Passons brusquement à un talent d’un tout autre caractère, à un peintre qui vit dans un tout autre monde, qui voit la nature d’une tout autre manière. Il ne s’agit plus de grâce ni d’afféterie ; ce sont des scènes passionnées, terribles, mélodramatiques. M. Antigna est l’Eugène Sue de la peinture.

La peinture de M. Antigna est démocratique. Il ne recherche pas les scènes du monde aristocratique, il ne met en scène que le paysan et l’ouvrier ; ce sont là ses seuls modèles, les seuls qu’il