Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/77

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académiques étaient encore le comble du terrible, et où M. Heim passait pour un grand coloriste.

Chose à remarquer, trois des peintres qui brillèrent à ce salon de 1827, dont je parlais plus haut, figurent au salon de 1859, à trente-deux ans de distance. Ce sont MM. Eugène Delacroix, toujours aussi bouillant, aussi coloriste, aussi passionné qu’autrefois ; Louis Boulanger, qui, dit-on, a un peu alourdi, assombri son coloris, et enfin Eugène Devéria, qui semble avoir oublié tout à fait la Naissance de Henri IV, ce tableau merveilleux de la brebis qui vient d’accoucher du lion.

Quant à M. Louis Boulanger, qu’il m’est impossible de comparer à lui-même, attendu que je n’ai pas vu ses tableaux d’autrefois, je ne puis dire si, comme on me l’a assuré, son pinceau a perdu quelques-unes de ses qualités. Ce que je sais, c’est que le portrait d’Alexandre Dumas en Circassien est peint avec beaucoup de chaleur, de verve, de vie, et que la couleur en a beaucoup d’éclat, d’harmonie et de solidité.

Quand un peintre fait le portrait du premier bourgeois venu, il lui est permis de ne pas faire ressemblant. Pourvu qu’il ait fait une belle image, bien comprise, bien pensée et bien peinte, nous, gens de goût, indifférents au modèle, nous nous sou-