Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/88

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tier, que j’oserai appeler anecdote-légende, est pleine de grâce et de jeunesse, pleine d’élégance galante. Les anciens nous apprennent que les abeilles venaient se poser sur les lèvres de Platon enfant ; une femme, une reine venant baiser le poëte sur les lèvres, n’est-ce pas bien plus gracieusement poétique ? Le tableau de M. Charles Comte n’est pas assez idéal ; il raconte le fait comme le ferait un chambellan, non pas comme le ferait un poëte.

Le cardinal de Richelieu, jouant avec ses petits chats, devant son feu, est un autre tableau de M. Comte que je préfère au premier. Les costumes de l’époque sont plus connus et moins ornés de détails ; ils se rapprochent déjà plus de notre temps. Pour être exact, l’artiste n’a pas été, comme dans l’autre tableau, forcé de se livrer à des recherches archéologiques, où se sont un peu absorbées ses facultés de peintre.

M. Comte ne sacrifie pas assez les détails à l’effet général. Il y en a plusieurs qui prennent trop d’importance et détournent l’attention du sujet. Rien n’effraye plus la muse que ces inventaires de mobiliers et de costumes faits avec la précision qu’y mettrait un commissaire-priseur.