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Il est certains sujets de tableaux qui conduisent à des succès populaires assurés et tout à fait indépendants du mérite même de l’œuvre. Ainsi le Décaméron de Winterhalter, peinture essentiellement médiocre, mais agréable à l’œil, brillante, coquette, montre au vulgaire charmé de jolis minois de femmes et de belles têtes d’hommes, belles têtes de cire à faire rêver un coiffeur.

Éparpillant toutes ces figures sur le velours des gazons, sous les arbres, au milieu des cristaux, des aiguières, des armes bizarres, des instruments de musique, en un mot de tout le bric-à-brac des scènes de plaisir et de luxe, le Décaméron produisît sur le spectateur un effet forcément agréable. D’autant plus qu’au moment où parut le Décaméron, il était à la fois une réaction contre les mythologies des classiques et contre les scènes du moyen âge des romantiques, et que M. Winterhalter avait au moins le mérite d’être le premier qui se fût avisé d’exploiter ce genre faux et joli, qui est à la peinture ce que les gravures de mode sont aux belles planches de Rembrandt, d’Albert Durer ou de Marc-Antoine Raimondi.

M. Winterhalter, ayant inventé le genre décaméron, eut nécessairement une foule d’imitateurs, désireux de partager son succès. Pendant quel-