Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chargé de raconter cette histoire, l’enferma tout entière en deux alexandrins, pensant, avec raison, que moins on raconte ces choses, mieux on fait. On peut faire mieux encore que de dire cela en deux vers, c’est de ne pas le dire du tout. Il était si facile à M. Aze de ne pas choisir ce sujet ! Je lui conseille de ne pas peindre le gracieux sujet du poëme concis de Santeuil.

Ce reproche fait, il faut louer M. Aze de l’exécution de son tableau. M. Aze est un peintre consciencieux et chercheur, de l’école de M. Robert Fleury. Son dessin sent un peu le travail, mais il est correct ; sa couleur est brillante, solide, comme celle du maître ; elle manque de finesse et de transparence. Les détails de l’architecture et de la décoration sont faits avec soin, sans recherche exagérée. Ce tableau se sauve de ce que le sujet a de répulsif par l’harmonieuse homogénéité de l’exécution et par l’habile concentration de la lumière sur l’action principale. C’est l’œuvre d’un artiste de talent et d’avenir.

M. Adolphe Leleux est un coloriste originale, il est lui, il est vrai. Il est observateur sagace. Ses scènes de paysans sont intéressantes, sincères, lumineuses. Il abuse parfois des oppositions et les