Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/94

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choque, sans qualités qui frappent, sans défauts qui déplaisent, peinture bourgeoise, peinte avec une sérénité exempte de toute inquiétude et qu’aiment les vulgaires amants de la besogne faite proprement.

M. Aze a exposé un Côme Ier de Médicis, tuant son frère, sujet emprunté à l’Histoire des Médicis, par Alexandre Dumas. Après la mort tragique de sa fille, la grande-duchesse s’était retirée dans les jardins de Pise avec ses deux fils, don Garcia et le cardinal Jean, de Médicis. À la suite d’une querelle à la chasse, don Garcia poignarda Jean, son frère. La mère lui avait pardonné ; mais Côme n’était pas si facile à fléchir : il poignarda don Garcia pour lui apprendre à vivre. Ah ! la jolie famille ! Comment un peintre peut-il choisir un sujet pareil ! quel intérêt peuvent avoir les sanglants démêlés de ces Alcides bourgeois ? Je conçois les grands crimes quand ils ont la passion pour excuse. Je lisais dernièrement dans un Recueil d’anecdotes qu’un jour un enfant tua son frère plus jeune en le jetant dans le feu. La mère, furieuse, précipita le petit coupable dans un grand chaudron plein d’eau bouillante, où il périt. À cette vue, le père furibond poignarda sa femme et se pendit ensuite de désespoir. Santeuil,