Page:Kindt - Pour se damner.djvu/197

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politiques sans chevelure ; quelquefois, dans la soirée, elle m’honorait d’un sourire, et entre deux portes me permettait de baiser ses doigts gantés.

Je la regardais dans sa beauté étrange, essayant de deviner l’âme qui luisait sous cette enveloppe de satin et de dentelle ; pas une rougeur ne montait à son front, pas un pli ne faisait remuer ses lèvres ; elle me traitait comme un pieu de bois sur lequel on aurait cousu trois morceaux de drap noir ; et dans son grand œil morne, il me semblait voir passer souvent un vol lourd de pensées lasses et méprisantes.


J’essayai de la campagne pour galvaniser cette âme que rongeait le cancer de la littérature. Nous avions choisi une contrée lumineuse au bord de la mer, parmi les buissons de cactus en fleur ; là, l’air est si pur qu’il suffit de respirer pour être heureux ; la campagne dans le lointain est si veloutée qu’en ce monde les yeux ne de-