Page:Kindt - Pour se damner.djvu/23

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faisant face, et sur laquelle étaient peintes, dans la manière de Boucher, des potées d’amour et des bottes de roses.

L’armoire, — l’armoire aux confitures, — comme nous l’appelions, Clotilde et moi, était le paradis de nos rêves ; il nous semblait que de bonnes fées confectionnassent la nuit les excellentes choses que grand’mère nous donnait le matin ; seulement elle seule en avait la clef, et les domestiques racontaient que personne au monde, pas même mon grand-père, n’avait pénétré dans l’armoire aux confitures.

Quelquefois, quand bonne maman allait nous chercher une friandise, elle laissait la porte ouverte, et nous contemplions, bouche béante et yeux écarquillés, les pots de groseilles, les vertes mirabelles et les abricots d’un si beau jaune avec leurs amandes tout entières.



Mais le bonheur est chose éphémère, nous l’apprîmes bientôt à nos dépens. On