Page:Kindt - Pour se damner.djvu/72

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avec des bourdonnements affairés ; les arbres des bois s’entrelaçaient pour former des voûtes sombres, et les hautes bruyères, qui cachent les jolis chemins où l’on va deux à deux et d’où s’envolent les baisers sonores, formaient des dentelures exquises découpées par les fées de la forêt.

Il cherchait une place pour se pendre et s’enfonçait dans le plus épais des taillis, une corde à la main ; par moments, il poussait de gros soupirs, parce qu’il est très dur de mourir par un beau soleil, alors que la terre a une si bonne odeur de sève et que les oiseaux jacassent des choses galantes ; mais il n’en pouvait plus, il était trop malheureux ; elle l’avait trompé, puis mis à la porte, la grande comédienne, et comme il avait eu les joies du paradis, il souffrait trop d’en être chassé à jamais.

Il arriva à une petite clairière, cherchant toujours une branche propre à son dessein. Tout à coup il s’arrêta : une jeune fille, du bout de son ombrelle blanche, agaçait une nuée de fourmis qui fuyaient en désordre ; ses lèvres, deux jolis pots