Page:Kindt - Pour se damner.djvu/73

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de fraises, riaient goulûment, des cheveux blonds tombaient en frisons d’or sur deux yeux de velours foncé, et un petit nez mutin s’envolait un peu, en quête d’aventure extraordinaire.

La voilà, l’aventure extraordinaire ; il lâche sa corde et l’aborde poliment :

— Mademoiselle, vous êtes un Greuze, posez une minute, je vous en supplie.

Et il tire un album de sa poche, parce que tout en cherchant le trépas, on ne peut oublier qu’on est peintre, et qu’un album de plus ou de moins n’est pas embarrassant dans le dernier voyage.

Elle consentit à poser pour le Greuze, et les voilà babillant tous deux comme des merles ivres de rosée.

Il esquissait la mignonne dans sa robe claire, et elle, tout en continuant sa chanson, venait parfois voir par-dessus son épaule si l’ouvrage avançait.

Elle raconta qu’elle habitait la ville voisine chez une vieille tante qui ne s’inquiétait de rien ; elle avait dix-sept ans et se trouvait être pure comme les lys de la Bible.