Page:Kindt - Pour se damner.djvu/85

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leine tiède des adolescents dont les dernières dents viennent de pousser, et qu’affolée de tendresse, alors que je lui jetterais mes bras au cou, il ne me ferait pas de récits spirituels comme la veuve Scarron, quand le rôti manquait.

Toi, ajouta-t-elle en le montrant d’un geste superbe et passionné, tu es jeune, tu es beau, tu sembles un dieu agenouillé aux pieds d’une mortelle ; jamais tu ne me parles de mes œuvres, ni de mon éditeur, ni de mon travail ; ce qu’il te faut, c’est l’amour, l’amour incessant, l’ivresse de mes regards et de mes baisers ; toi, tu m’as rendu ma jeunesse et ma beauté ; dans tes bras je suis une femme, et non plus le monstre hybride qui vole aux hommes les grandes pensées.

— Mais, ma bien-aimée, fit-il après un silence, tu es injuste, je m’intéresse à tout ce que tu fais, ton succès, ta gloire…