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LE SOLEIL ET LES ROSES


Faites que les hommes même,
A leur Mère ramenés,
Aient la face un peu moins blême,
Les yeux un peu moins cernés.
Et qu’en ce jour d’allégresse
Avec des cris de tendresse
Sur mon cœur aimant je presse
Ces douloureux derniers-nés.

Que les rustres, qui s’éveillent
Dans la paille des greniers
Et qui dans l’aube vermeille
Vont aux travaux coutumiers,
Sentent sous leur rude torse
La mystérieuse force
Qui palpite sous l’écorce
Des chênes et des pommiers.

Que le fermier, qui inspecte
Son verger d’un œil prudent,
Sur sa face circonspecte
Montre un sourire content
Et, en manches de chemise,
Chasse les merles que grise
Le suc sucré des cerises
Et qui filent en flûtant.