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L'AME DES SAISONS


Que la faneuse, qui darde
Le fauchet aux dents de bois,
S’arrête un instant, regarde
L'azur à travers ses doigts
Et, la joue en roses, hume
L’air sapide que parfume
Le foin tiède et blond qui fume
Sur le fond glauque des bois.

Que le facteur en casquette,
Au pas ferme et régulier,
A l’instar de la fauvette
Siffle en foulant le sentier
Et soudain, sautant de joie,
D’un gai moulinet envoie,
Dans un cerisier qui ploie,
Son bâton de néflier.

Que la pauvresse qui coupe
L’herbe fraîche des talus,
Tête basse et haut la croupe,
La rosée à ses pieds nus,
Dans une lutte gentille
Dont son œil riant pétille
S’escrime à coups de faucille
Contre les bourdons velus.