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L'AME DES SAISONS


Telle est la vieille loi, que les âmes s’affinent
Sous les coups du Destin qui s’érige en bourreau
Et que les cœurs saignants sont le rouge terreau
Où poussent les beaux vers et les strophes divines !

Car souvent c’est d’angoisse et de sanglots coupés,
Et c’est de pleurs brûlants, et c’est de poings crispés,
Et c’est de rage au fond des sourdes nuits qu’est faite
La chanson qui jaillit des lèvres du poète !

Mais à présent, sois calme, oubliant le passé...
Compatis doucement au ciel violacé,
Sois la garde-malade aux gestes de mystère,
Et t’assieds au chevet de ta mère, la Terre...

L’heure est d’un rythme égal et calme sous l’azur ;
La brise, ayant fermé les ailes, se recueille :
La Terre resplendit ; le silence est si pur
Qu’on entend le soleil glisser de feuille en feuille...
 
Va donc, mon âme, et sois attentive au soupir
Lointain des peupliers, et tendrement accueille,
Puisque te voilà bonne à force de souffrir,
Accueille le parfum des fleurs qui vont mourir...