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L'AME DES SAISONS


Tu patinas en skis jusqu’aux îles sans nom
Dont la masse vitreuse émerge
De la banquise immense et dresse à l’horizon
Ses pics aigus de glace vierge.
 
Tu parcourus de vastes plaines en chassant
L’élan et l’eider de Norvège,
Et l’on aurait suivi ta trace, rien qu’au sang
Dont tes pas rougissaient la neige.
 
Souvent, sur un traîneau poursuivi par les loups,
Tu vis bondir les têtes plates
Et la bave à flocons mousser sur les crins roux
Et les gencives écarlates.

Pour dépecer la viande et pour fumer le lard
Et t’abriter de la froidure,
Tu savais arrondir et creuser avec art
Une hutte de neige dure.

Souvent, le soir, dispos et de bon cœur flairant
L’odeur de graisse qui suffoque,
Tu réparais tes mocassins en t’éclairant
D’une lampe à huile de phoque.