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LA NEIGE ET LES LAMPES


Mais parfois, par les nuits d’épouvantable froid,
Un ours blanc, sous la lune claire,
Venait gratter la hutte et contre les parois
Ballotter sa masse polaire.

Alors, armé d’un grand couteau, tu bondissais
Sur le monstre et livrais bataille,
Et la lune éclairait vos corps blancs enlacés,
Rougis de sang, fumants d’entrailles !...
 
Ah oui ! tu sais l’hiver, petit bonhomme en blanc,
Malgré ta mise si proprette ;
Tu sais l’hiver, malgré que tu fasses semblant
De faire innocemment risette.

Aussi bien je conçois que tu prennes cet air
De petite fille attendrie,
Maintenant que tu es au chaud sur le plus clair
Rayon de la confiserie,
 
Entre un nègre en gibus et gants paille, qui rit
Sous un parasol à clochettes,
Et une Japonaise en manteau canari
Piqué d’oiseaux et de fleurettes.