Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
284
L'AME DES SAISONS


Tu souris de bon cœur, satisfait du Destin,
Sous les lampes couleur de lune,
Parmi les clairs fondants, les faveurs de satin
Et les plats de pralines brunes.
 
Tes yeux vont du nougat savoureux des mollets
Au chocolat luisant des bottes
Et de l’appétissant massepain des navets
Au sucre rose des carottes.
 
Tu songes aux filets de phoque, noirs et bruns,
Dans l’huile des boîtes qu’on zingue,
En aspirant d’un nez dévot le chaud parfum
Des petits fours et des meringues.
 
Tu te souviens des hurlements des loups, tandis
Qu’avec un babil de perruches,
De belles dames font un joli frisselis
De dentelle et de fanfreluches.
 
Vers minuit seulement, ainsi qu’une souris,
Tu quittes doucement ta place,
Et çà et là trottant, musant, tu te nourris
De crème fouettée et de glaces.