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Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/88

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L'AME DES SAISONS


Qu’est-ce donc ?... On dirait qu’un mot d’ordre bizarre
Modère l’innocente allégresse des bois ;
On dirait qu’une fête immense se prépare
Et qu’on chuchote et qu’on se concerte à mi-voix...

On sent dans le silence et la tiédeur étranges
L’afflux impatient des sèves et des cris
Et, sous l’azur peuplé de myriades d’anges,
La Terre en dialogue avec le Paradis...
 
Le printemps violet tressaille entre les chênes.
La Terre en frémissant porte le deuil divin,
Mais se souvient aussi qu’un Dieu brisa ses chaînes
Et qu’elle a bu le Sang rédempteur comme un vin.
 
Et c’est pourquoi, malgré l’heure crucifiée,
Un bonheur contenu dilate les buissons,
Et l’herbe simple et l’humble chair — purifiées ! —
S’émeuvent de la sève obscure en longs frissons...


PRIÈRE


O Jésus, qui voyez si longuement languir
Ceux-ci qui d’un seul cœur brûlent de Vous servir,