Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et il brandit sa hache par-dessus la tête blanche de Hussein Dazé.

— Donne tout ton argent aux anciens du village, reprit Hussein Dazé, et ils tiendront un conseil communal, et ce conseil enverra un messager à ta femme lui disant qu’elle doit revenir.

Madu donc donna toute sa richesse en ce monde, s’élevant à vingt-sept roupies, huit annas, trois pice, et une chaîne d’argent, au Conseil de Kodru.

Et il en advint comme Hussein Dazé l’avait prédit.

On envoya le frère d’Athira dans la plaine au régiment de Suket Singh pour rappeler Athira au logis. Une première fois Suket Singh reconduisit le frère à coups de pied dans le derrière au travers des casernes, et puis il le remit au havildar, qui le battit à coups de ceinturon.

— Reviens, piaulait le frère d’Athira.

— Où çà ? demandait Athira.

— Chez Madu, répondit-il.

— Jamais, déclara-t-elle.

— Alors Hussein Dazé va t’envoyer une malédiction, et tu te flétriras comme un arbre écorcé au printemps, reprit le frère d’Athira.

Athira dormit par là-dessus.

Le lendemain elle avait la migraine.

— Je commence à me flétrir comme un arbre écorcé au printemps, dit-elle. C’est la malédiction de Hussein Dazé.

Et elle commença réellement à se flétrir, parce que son cœur était desséché de peur, et que ceux