Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/103

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— Fort bien, dit Suket Singh.

Et il battit Madu solidement, au grand plaisir de tous les charbonniers de Kodru.

— En voilà assez, dit Suket Singh, en faisant rouler Madu à bas de la hauteur. À présent nous aurons la paix.

Mais Madu regrimpa la pente herbue, et vint rôder autour de sa cabane, avec des yeux irrités.

— Il finira par me tuer, dit Athira à Suket Singh. Il te faut m’emmener.

— Cela fera du grabuge à la caserne. Ma femme me tirera la barbe ; mais tant pis, dit Suket Singh, je t’emmènerai.

Il y eut un grabuge sérieux à la caserne, et la barbe de Suket Singh fut tirée, et la femme de Suket Singh s’en alla vivre chez sa mère et emmena les enfants.

— C’est très bien, dit Athira.

— Oui, c’est très bien, répondit Suket Singh.

Madu donc restait seul dans la cabane qui regarde par-dessus la vallée vers Donga Pa, et depuis le commencement des siècles, personne n’a jamais eu de pitié pour des maris aussi malheureux que Madu.

Il s’en alla trouver Hussein Dazé, le sorcier qui possède la Tête-de-Singe-qui-parle.

— Fais revenir ma femme, lui dit Madu.

— Je ne peux pas, répondit Hussein Dazé, tant que tu n’auras pas fait remonter le Sutlej qui est dans la vallée jusque sur le col de Dunga Pa.

— Pas de devinettes, dit Madu.