Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/204

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« — Vous avez à moitié tué le cavalier Dempsey, qu’elle me répond, des larmes plein ses chers yeux bleus.

« — Possible, que je dis. N’était-il pas cet ami à vous qui vous a reconduite chez vous quatre fois en une quinzaine ?

« — Oui, qu’elle dit, très fière, mais elle avait la bouche tirée en bas par les coins. Et… et qu’est-ce que ça peut vous faire ?

« — Demandez-le à Dempsey, que je dis, faisant semblant de m’éloigner.

« — Vous êtes-vous donc battu pour moi, nigaud ? qu’elle dit, mais elle le savait déjà très bien.

« — Pour qui serait-ce d’autre ? que je dis.

« Et je fis un pas en avant.

« — Je ne le méritais pas, qu’elle dit en tortillant son tablier.

« — C’est à moi à le dire, que je dis. Le dirai-je ?

« — Oui, qu’elle dit avec une douceur de sainte.

« Et là-dessus je m’expliquai ; et elle me dit, ce que tout homme qui est un homme, et beaucoup de femmes aussi, entendent une fois dans leur vie.

« — Mais qu’est-ce qui vous a fait pleurer au début, Dinah ma chérie ? que je lui dis.

« — Votre… votre joue abîmée, qu’elle dit, en cachant sa petite tête dans le creux de mon bourgeron (car j’étais de corvée pour la journée) et gémissant comme un ange en détresse.

« Or, on pouvait prendre cela de deux façons. Je le pris comme il me plaisait le mieux, en même temps que mon premier baiser. Sainte Mère d’In-