Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/229

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malheur, c’est que tu pleures comme un veau après sa mère qui est au bout de la pâture, et que tu as envie de chercher des excuses à l’individu que Stanley va tuer. Il te faut attendre encore une heure de plus, petit homme. Dégoise ça, Jock, et beugle mélodieusement à la lune. Il faut un tremblement de terre ou une éraflure de balle pour tirer quelque chose de toi. Laïusse, don Juan ! Les amours de Lothario Learoyd ! Stanley, sois l’œil du régiment, surveille bien la vallée.

— C’est dans le genre de cette montagne là-bas, dit Learoyd, en considérant le contrefort sub-himalayen qui lui rappelait les landes de son Yorkshire natal.

Et, parlant plus pour lui-même que pour ses camarades :

— Oui, dit-il, la lande de Greenhow domine la ville de Skipton, et la montagne de Greenhow domine Pateley Brig. Je sais que vous n’avez jamais entendu parler de la montagne de Greenhow, mais tenez, ce bout de montagne nu là-bas, supposez seulement une route blanche en lacets dessus, c’est tout son pareil. Des landes et des landes et des landes sans jamais un arbre pour se mettre à l’abri, et des maisons grises avec des toits en dalles de pierre, et des huppes qui crient, et un milan qui plane çà et là tout comme ces vautours-ci. Et un froid ! Un vent qui vous coupe au couteau. On reconnaîtrait les gens de la montagne de Greenhow rien qu’à la couleur rouge pomme de leurs joues et du bout de leur nez, et à leurs yeux bleus que le vent a