Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« — Ouais ! que je dis, et je referme les yeux, car j’avais honte de moi.

« — Père est parti à son travail depuis trois heures, et il a dit qu’il leur dirait de prendre quelqu’un pour mener la berline.

« L’horloge battait, et une abeille entra dans la maison, et toutes les deux bourdonnaient dans ma tête comme des roues de moulin. Et elle me donna encore à boire et arrangea l’oreiller.

« — Eh ! c’est que vous êtes bien jeune pour vous être enivré comme ça, mais vous ne recommencerez plus, n’est-ce pas ?

« — Non, que je dis, je ne le ferai plus à condition seulement que vous vouliez bien arrêter ces claquets de roue de moulin.

— Vrai ! c’est une bonne chose que d’être dorloté par une femme quand on est malade, dit Mulvaney. C’est pas cher même au prix de vingt têtes cassées.

Ortheris détourna vers la vallée son visage soucieux. Lui n’avait pas été dorloté par beaucoup de femmes dans sa vie.

— Et alors le docteur Warbottom arrive à cheval et Jesse Roantrée avec lui. C’était un docteur très savant, mais il parlait avec les pauvres gens tout comme l’un d’entre eux.

« — Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? qu’il me chante en patois. Tu t’es fêlé la tête ? Elle est pourtant dure. (Et il me tâtait de partout.) Rien de cassé. Ça t’a seulement rendu un peu plus idiot qu’à ton ordinaire, et c’était déjà pas mal.