Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/63

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la Géhenne, pour avoir été le porteur de mauvaises nouvelles.

Khoda Dad Khan huila sa longue chevelure avec le plus grand soin, mit sa plus belle ceinture de Boukhara, un turban neuf, de coquettes babouches vertes, et accompagné de quelques amis descendit des montagnes pour faire visite au nouveau commissaire-délégué de Kot-Kumharsen. Il portait aussi dans un mouchoir blanc le tribut : quatre ou cinq inestimables mohurs d’or du temps d’Akbar. Ceux-ci, le commissaire-délégué les restituerait après les avoir simplement touchés. La petite cérémonie habituelle était un symbole que, autant qu’il dépendait de l’influence personnelle de Khoda Dad Khan, les Khusru Kheyl seraient bons garçons — jusqu’à la prochaine fois ; en particulier si le nouveau commissaire-délégué venait à plaire à Khoda Dad Khan. Sous le consulat de Yardley-Orde, sa visite s’achevait par un dîner somptueux, où figuraient peut-être même des liqueurs défendues ; où il y avait en tout cas des histoires merveilleuses et une parfaite bonne entente. Après quoi Khoda Dad Khan regagnait son fief, titubant, et jurant qu’Orde sahib était un prince et Tallantire sahib un autre, et que quiconque pousserait un raid en territoire britannique serait écorché vif. En cette occasion-ci il trouva aux tentes du commissaire-délégué à peu près l’aspect habituel. Se regardant comme privilégié il passa la porte ouverte et se vit en présence d’un aimable et corpulent Bengali vêtu à l’anglaise, qui écrivait à une table. Ignorant l’influence anoblissante de l’é-