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contes choisis

Il faisait trop chaud pour rester au soleil avant l’heure du déjeuner. Les hommes étaient dans les casernes, en train de causer de l’affaire. Dans le quartier des ménages, un groupe de femmes de soldats stationnait à l’une des entrées, tandis qu’à l’intérieur une voix de folie s’étranglait en vilains mots orduriers.

Un sergent tranquille, de conduite irréprochable, venait d’abattre d’un coup de feu, en plein jour, juste après l’exercice du matin, un de ses propres caporaux, puis était rentré dans sa chambre et s’était assis sur un lit, en attendant que la garde vînt le chercher. Il s’ensuivait qu’on le traduirait en temps voulu devant le Conseil de Guerre pour le procès. En outre, mais c’est là plus qu’on n’eût pu lui demander de prévoir dans son plan de vengeance, il allait affreusement bouleverser mon travail ; car le compte rendu de la cause devait m’échoir, sans recours. Ce qu’il serait, ce procès, je le savais d’avance jusqu’à la lassitude. Il y aurait le fusil qu’on aurait pris soin de ne pas nettoyer, souillé