Page:Kipling - Du cran.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le jeune Ottley s’aperçut que si faire courir une locomotive bien portante d’un bout à l’autre des chantiers pour s’amuser quand le chef de chantier ne regardait pas était une chose, c’en était une tout autre de conduire une locomotive fort malade sur une route inconnue dans d’absolues ténèbres et la pluie des tropiques. Mais ils sentirent leur chemin le cœur entre les dents jusqu’à ce qu’ils arrivassent à un signal éloigné, où, là, ils sifflèrent avec parcimonie, n’ayant pas de vapeur à prodiguer.

« Cela pourrait bien être Serail Rajgara, dit le jeune Ottley, sur un ton d’espoir.

— Cela ressemble plutôt au canal de Suez, dit le « subaltern ». Dites, quand une machine fait ce boucan-là ? c’est qu’elle est un peu impatiente, n’est-ce pas ? »

« Ce boucan-là » était un sifflement hurlant, pleine vapeur et furieux, à un demi-mille en haut de la ligne.

« C’est la Malle Descendante, dit le jeune Ottley. Nous avons retardé Olaf de deux heures quarante-cinq minutes. Elle doit sûrement être à Serail Rojgara.

— Pas étonnant si elle demande à en sortir,