Page:Kipling - Du cran.djvu/246

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visage sous son grand chapeau, et c’était le visage de son père tel que je l’avais vu un matin dès l’aube penché sur un lépreux[1]. Je saisis l’enfant par l’épaule.

« Laissez-moi aller ! cria-t-il à tue-tête, quoique lui et moi fussions les meilleurs des amis, en règle générale. Laissez-moi aller !

— Où cela, Père Adam ? »

Il frémissait comme un poulain au licou.

« Au puits. J’ai été battu. J’ai été battu devant une femme. Laissez-moi aller ! »

Il essaya de me mordre la main.

« En voilà une affaire ! dis-je. Les hommes sont nés pour recevoir des coups.

Tu n’as jamais été battu, toi, dit-il sauvagement (nous causions en indigène).

— Oui ; je l’ai été ; un nombre incalculable de fois.

— Devant des femmes ?

— Ma mère et mon ayah ont vu. Par des femmes, en outre, je dois le dire. Qu’est-ce que cela signifie ?

— Qu’est-ce que vous avez fait ? »

  1. Voir la Marque de la Bête dans l’Homme qui Voulut Être Roi.