Page:Kipling - Du cran.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fut plus capable de travail pour son vassal. Maintenant tu vas nous ouvrir cette boîte de singe pour nous appliquer quelque chose à bouffer, et après tu seras libre de service — pour un bout de temps. Je vais m’essayer la main à un peu de cuisine-de-camp. »

William trouva la boîte de conserves — tout au fond, cela va sans dire, de la charrette à bras ; s’entailla généreusement les jointures en l’ouvrant (jusqu’à ce que La Crevette lui eût appris comment il fallait s’y prendre), et le moment venu, rassasié de pain et de singe, se retira vers un délicieux massif de haute fougère qu’il lorgnait depuis quelque temps, se faufila en son profond, et sur une petite clairière de gazon broutée des lapins s’étendit et dormit du sommeil des gens las qui sont debout et sous le coup d’ordres stricts depuis six heures du matin. Jusqu’à ce moment de la journée, rappelons-le, William n’avait fourni de preuve soit d’intelligence soit d’initiative en aucun sens.

Il s’éveilla, lentement selon son habitude, et remarqua que les ombres s’étiraient un peu, tout comme il s’étirait lui-même. Puis il entendit La Crevette faire cliqueter des couvercles de