Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/196

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somme, on ne peut pas lui en vouloir, car son palais a dû coûter très cher, et les oranges vont être mûres), il m’a demandé de ne pas taper du pied, et j’ai promis de n’en rien faire.

— Seigneur ! dit sa femme, qui resta coite.

Mais Suleiman-bin-Daoud rit au point que les larmes lui coulaient sur les joues, devant l’impudence de ce mauvais petit Papillon.

Balkis, la Très Adorable, se leva derrière l’arbre, au milieu des lis rouges et sourit sans rien dire, car elle avait tout entendu. Elle pensa : « Si je suis adroite, il est temps encore de sauver mon seigneur de ces reines querelleuses ». Elle tendit son doigt et murmura très doucement à la femme du papillon :

— Petite femme, viens ici.

Dare-dare s’envola la femme du Papillon ; elle avait grand peur en se posant sur la main blanche de Balkis.

Balkis pencha son beau visage et murmura :

— Petite femme, crois-tu ce que ton mari vient de dire ?

La femme du Papillon regarda Balkis et vit les yeux de la Reine Très Adorable qui brillaient comme deux lacs profonds au clair des étoiles, et elle prit son courage à deux ailes et dit :

— Ô Reine ! sois aimée à jamais. Tu sais, toi, ce que c’est que les hommes.