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Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/155

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à se laisser tout juste recouvrir par le flux de chaque vague qui le soulevait, tandis qu’il pagayait ; mais il veillait toujours d’un œil pour voir arriver les grosses vagues qui peuvent faire mal. Il fut deux semaines avant d’apprendre l’usage de ses nageoires, et, tout ce temps, il se traîna du rivage dans la mer, de la mer sur le rivage, toussant, grognant, remontant la grève à plat ventre, dormant comme un chat sur le sable, puis se remettant à l’eau jusqu’à ce qu’enfin il se sentît vraiment en possession de son élément.

Vous pouvez imaginer quel bon temps, alors, il prit avec ses camarades, les plongeons sous les lames, les chevauchées sur la crête d’un brisant, les arrivées à terre avec un éternuement et un pouf, tandis que la grande vague filait en écumant, très haut sur le rivage ; la joie de se tenir tout droit sur sa queue et de se gratter la tête, comme font les vieilles gens, ou de jouer à Je suis le Roi du Château sur les roches herbues et glissantes qui affleuraient à ras d’écume. Parfois il voyait un mince aileron, semblable à l’aileron d’un gros requin, dérivant au large, non loin du bord, et il savait que c’était le cachalot tueur, le Grampus, qui mange les jeunes phoques lorsqu’il peut les prendre… et Kotick fonçait sur la