Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/261

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garrotter, et s’il glisse sous les pieds d’un mâle en train de charger, le mâle le reconnaîtra et ne l’écrasera pas. Aihai ! messeigneurs, ici près dans les chaînes, — cria-t-il en courant sur le front de la ligne de piquets, — voici le petit qui a vu vos danses au fond de vos retraites cachées, le spectacle que jamais homme ne vit ! Rendez-lui hommage, messeigneurs, Salaam Karo, mes enfants. Faites votre salut à Toomai des Éléphants ! Gunya Pershad, ahaa ! Hira Guj, Birchi Guj, ahaa !… Et toi, Pudmini, tu l’as vu à la danse ; et toi aussi, Kala Nag, ô ma perle des Éléphants !… Ahaa ! Ensemble ! À Toomai des Éléphants ! Barrao !

Et au signal de cette clameur sauvage, la ligne entière des éléphants leva ses trompes jusqu’à ce que le bout de chacun touchât le front, et ils entonnèrent le plein salut, l’éclatante salve de trompettes, que seul entend le vice-roi des Indes, le Salaamut du Keddah.

Mais, cette fois en l’unique honneur de Petit Toomai, qui avait vu ce que jamais homme ne vit auparavant, la danse des éléphants, la nuit, tout seul, au cœur des montagnes de Garo !