Aller au contenu

Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent, et libre dans toute l’étendue des jungles.

Et, à la fin, quand les flammes tombèrent et moururent, et qu’aux reflets rouges de la braise les éléphants apparurent comme s’ils avaient été trempés aussi dans le sang, Machua Appa, le chef de tous les rabatteurs de tous les keddahs, Machua Appa, l’Alter ego de Petersen Sahib, qui n’avait jamais vu une route tracée en quarante ans, Machua Appa, si grand, si grand, qu’on ne l’appelait jamais autrement que Machua Appa, sauta sur ses pieds en élevant Petit Toomai à bout de bras au-dessus de sa tête, et cria :

— Écoutez, frères ! Écoutez aussi, vous, messeigneurs, là, dans les lignes, car c’est moi, Machua Appa, qui parle ! Ce petit ne s’appellera plus Petit Toomai, mais Toomai des Éléphants, comme son arrière-grand-père fut appelé avant lui. Ce que jamais homme n’a vu, il l’a vu durant la longue nuit, et la faveur du peuple éléphant et des dieux des jungles est avec lui. Il deviendra un grand traqueur, il deviendra plus grand que moi, oui moi, Machua Appa ! Il suivra la piste fraîche, la piste éventée et la piste mêlée, d’un œil clair ! Il ne lui arrivera pas de mal dans le keddah lorsqu’il courra sous le ventre des solitaires afin de les