Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/279

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des arbres, très loin au-dessous, les petits obus pareils à des coquelicots.

— Vous ne buttez donc jamais ? demanda le cheval de troupe.

— On dit que lorsqu’un mulet bronche, on peut fendre une oreille de poule, répondit Billy. De temps en temps peut-être, une selle mal paquetée fera verser un mulet, mais c’est très rare. Je voudrais pouvoir vous apprendre notre métier. C’est une belle chose. Eh bien, il m’a fallu trois ans pour découvrir ce que les hommes me voulaient. Toute la science consiste à ne pas se détacher sur la ligne du ciel, parce, que si vous le faites, on peut tirer sur vous. Souvenez-vous de cela, jeunesse. Restez toujours caché le mieux possible, même s’il vous faut faire un détour d’un mille dans ce but. C’est moi qui conduis la batterie quand on en arrive à ce genre d’escalade.

— Se laisser fusiller sans avoir une chance de courir sus aux gens qui tirent ? — dit le cheval de troupe, en réfléchissant profondément. — Je ne pourrais pas supporter cette idée. Je voudrais charger… avec Dick.

— Oh non, vous ne voudriez pas ; vous savez qu’aussitôt en position ce sont les canons qui font