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le second livre de la jungle

— Et de quel clan sont-ils ? demanda Mowgli.

— Je ne sais pas. Ce sont des blancs, et on prétend qu’ils gouvernent toute cette terre et qu’ils ne souffrent pas qu’on s’entre-brûle ni qu’on se batte les uns les autres sans témoins. Si nous pouvons parvenir là cette nuit, nous vivrons. Autrement il nous faut mourir.

— Vivez, alors. Personne ne passera la barrière ce soir. Mais lui, que fait-il ?

Le mari de Messua, à quatre pattes, était en train de creuser la terre dans un coin de la hutte.

— C’est son peu d’argent, dit Messua. Nous ne pouvons emporter rien autre.

— Ah oui !… Cette chose qui passe de main en main et ne se réchauffe jamais. Est-ce qu’on en a besoin ailleurs aussi ? demanda Mowgli.

L’homme le fixa d’un œil courroucé :

— C’est un fou, et non un démon, murmura-t-il. Avec l’argent, je peux acheter un cheval. Nous sommes trop meurtris pour marcher bien loin, et le village sera sur nos talons dans une heure.

— Je vous dis qu’ils ne vous suivront pas jusqu’à ce qu’il me plaise ; mais l’idée du cheval a du bon, car Messua est fatiguée.

Le mari se releva et noua les dernières roupies