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la descente de la jungle

ron, demi-grondement, qui s’enflait de volume comme un ronflement de vapeur dans une chaudière.

— Je suis Bagheera — dans la Jungle — dans la nuit, et je sens ma force en moi. Qui donc arrêterait mon élan ? Petit d’Homme, un coup de ma patte, et la tête écrasée serait là, aussi plate qu’une grenouille morte en été.

— Essaie donc ! fit Mowgli dans le dialecte du village, non plus, cette fois, dans le langage de la Jungle.

Les mots humains arrêtèrent Bagheera court, ses hanches frissonnantes fléchies sous le poids de son corps, sa tête juste au niveau de celle de Mowgli. Une fois de plus Mowgli fixa son regard, comme il avait fait aux jeunes loups rebelles, en plein au fond des yeux de vert béryl, jusqu’à ce que la lueur rouge transparue derrière la prunelle verte s’éteignît comme le feu d’un phare qui s’éclipse à vingt milles en mer, jusqu’à ce que ces yeux s’abaissassent vers le sol, et avec eux, la grosse tête… plus bas… plus bas encore… et qu’une langue rouge vînt râper le cou-de-pied de Mowgli.

— Frère… Frère… Frère ! murmura le garçon, en promenant une caresse rythmée et légère