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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/137

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le second livre de la jungle

au tour du Brahmane de parler. Il avait invoqué ses propres Dieux sans recevoir de réponse. Il se pouvait, disait-il, qu’inconsciemment le village eût offensé quelqu’un des Dieux de la Jungle, car il n’y avait pas de doute que la Jungle fût contre eux. Aussi envoyèrent-ils chercher le chef des tribus les plus proches de Gonds nomades, — petits chasseurs avisés à peau très noire qui vivent en pleine Jungle, et dont les aïeux descendent de la plus ancienne race de l’Inde, — les propriétaires aborigènes du sol. Ils accueillirent de leur mieux le Gond avec ce qui restait. Lui, se tenait sur une jambe, son arc à la main, deux ou trois flèches empoisonnées passées dans la touffe de cheveux qui couronnait son crâne, avec un air mêlé d’effroi et de mépris, devant les villageois anxieux et leurs champs dévastés. Ils voulaient savoir si les Dieux — les Anciens Dieux — étaient irrités contre eux, et quels sacrifices il convenait de leur offrir. Le Gond ne dit rien, mais il ramassa un sarment de Karela, cette liane rampante qui porte le fruit amer de la courge sauvage, et l’enchevêtra en travers de la porte du temple, devant le visage de l’idole hindoue, peinte en rouge, qui ouvrait ses yeux fixes. Puis il fit de la main un signe dans l’es-