Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
les croque-morts

mis dans les jambes, et, quoiqu’il n’offre pas des dehors moins vertueux que la plupart des grues qui sont toutes d’aspect hautement respectable, il part tout à coup en folles danses de guerre sur ses échasses maladroites, les ailes à demi déployées, sa tête chauve balancée grotesquement de haut en bas, en même temps que, pour des motifs connus de lui seul, il prend grand soin de régler ses pires gigotements sur ses remarques les plus malsonnantes. Au dernier mot de sa chanson il se remit au garde-à-vous, dix fois plus Adjudant que jamais.

Le Chacal plia le dos, bien qu’il comptât trois bonnes saisons, mais on ne relève pas l’insulte d’une personne armée d’un mètre de bec qu’elle peut lancer comme un javelot. L’Adjudant était un fieffé poltron, mais le Chacal était pire.

— Il faut vivre avant de savoir, dit le Mugger, et l’on peut dire ceci : les petits chacals sont très communs, mon enfant, mais un Mugger tel que moi ne l’est pas. Malgré cela je n’éprouve aucun orgueil, car tout orgueil signifie ruine ; mais remarque-le, c’est le Destin, et, contre son Destin, nul de ceux qui nagent, marchent ou courent, ne devrait parler. Je suis satisfait de mon Destin. Avec un