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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/162

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les croque-morts

— Ah ! voilà du noble sport ! Mais quelle habileté et quel profond jugement il réclame ! dit le Chacal.

— Pas d’habileté, mon enfant, mais de la réflexion. Un peu de réflexion dans la vie, c’est comme du sel sur le riz, disent les bateliers, et j’ai toujours réfléchi profondément. Le Gavial, mon cousin, le mangeur de poisson, m’a raconté quel rude métier c’est pour lui que de suivre son poisson, comment un poisson diffère d’un autre, et comment il lui faut les connaître tous, et ensemble et séparément. Je dis que c’est de la sagesse ; mais, d’un autre côté, mon cousin, le Gavial, vit parmi son peuple. Tandis que mon peuple, à moi, ne nage pas en bandes, la bouche hors de l’eau, comme le Rewa, ni ne monte constamment à la surface de l’eau et ne se tourne sur le côté, comme Mohoo ou le petit Chapta ni ne se rassemble en bancs après les inondations, comme Batchua et Chilwa.

— Tout cela est très bon à manger, dit l’Adjudant en claquant du bec.

— Ainsi le prétend mon cousin, et il se donne beaucoup de mal pour leur faire la chasse, mais ils ne grimpent pas, eux, sur les bords pour échapper à son nez tranchant. Mon peuple, à moi, est tout autre. Sa vie se passe sur les terres, dans les mai-