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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/166

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les croque-morts

Puis ils discutent le prix du sang, car le mort était un homme vigoureux, et laisse plus d’un fils. Enfin, avant amratvela (le lever du jour), ils lui mettent un peu le feu, comme c’est la coutume, après quoi le mort vient à moi ; et lui du moins, on peut être certain qu’il n’en parlera plus. Ah ! ah ! mes enfants, le Mugger sait… le Mugger sait… et mes Jats de Malwah sont un brave peuple !

— Ils sont trop avares… leur main ne s’ouvre pas assez volontiers pour mon sac, croassa l’Adjudant. Ils ne gaspillent pas le vernis sur les cornes de la vache, comme dit le proverbe, et encore une fois, qui peut trouver à glaner derrière un Malwai ?

— Ah ! moi — c’est eux — que je glane, dit le Mugger.

— Eh bien ! à Calcutta du Sud, au temps passé, continua l’Adjudant, on jetait tout dans les rues, et nous n’avions qu’à trier et choisir. C’était le bon temps. Mais, aujourd’hui, ils tiennent leurs rues aussi nettes qu’une coquille d’œuf, et les gens de ma race s’en vont. Se tenir propre est une chose ; mais épousseter, balayer, arroser sept fois par jour, il y a de quoi lasser les Dieux mêmes.

— J’ai entendu dire par un Chacal des bas pays,